Le Pays Dogon

Le Pays Dogon

Les Dogons vivent au Mali dans la partie sud-ouest de la boucle du Niger. C’est une région montagneuse appelée « falaises de Bandiagara », une longue chaîne de grès située au Mali dans la région de Mopti, autour de laquelle s’étend le Pays Dogon.

C’est l’un des sites les plus imposants d’Afrique de l’Ouest, que ce soit par ses caractéristiques archéologiques, ethnologiques ou géologiques. Une toute petite partie de l’extrémité sud-ouest des falaises se trouve au Burkina Faso.

I. IDENTITÉ

La société secrète des masques dogons

La langue parlée par les Dogons regroupe plusieurs dialectes. Il existe aussi une langue secrète, le sigi so, qui est quant à elle, réservée à la société des masques.

Les Dogons sont liés avec l’ethnie des Bozos par la parenté à plaisanterie (appelé sinankunya au Mali). Dogons et Bozos se moquent réciproquement mais parallèlement, se doivent mutuelle assistance.

II. HISTOIRE

Les Dogons seraient partis du Mandé, région située au Sud-Ouest du Mali au XIVème siècle pour éviter l’islamisation.
Ils se seraient installés à Kani Bonzon (commune de la région de Mopti) avant de se disperser sur trois sites que sont :

• la falaise de Bandiagara (site inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en 2003) ;
• le plateau (région de Sangha) ;
• la plaine.

Les falaises de Bandiagara

Cette falaise était alors habitée par les Tellem, portant aussi le nom de Kurumba. A l’arrivée des Dogons dans les falaises, les Tellem fuient à leur tour pour se réfugier vers le sud au Mali et au Burkina Faso. Quelques villages Tellem existent encore autour de la frontière avec le Burkina Faso dont le village de Yoro au Mali. D’après les Dogons, les Bana ont précédé les Tellem (il s’agirait des Toloy).

Village de Téli, vestiges d’habitats Tellem en banco, falaise de Bandiagara, Pays Dogons, Mali, Afrique

Même s’ils ont longtemps subi la domination des divers peuples ayant créé de grands empires ou royaumes, les Dogons ont toujours su conserver leur indépendance à cause de la difficulté d’accès à leurs territoires montagneux isolés.

Les Soninkés et les Dogons sont très liés, ces derniers étant parfois influencés culturellement et linguistiquement par les Soninkés dont certains se sont mélangés aux Dogons lors de leur grande dispersion après la chute de l’empire du Ghana.

III. ARCHITECTURE

A. LES GRENIERS

La plupart des villages sont implantés dans la falaise, et accessibles par des chemins escarpés qui empruntent les failles du plateau ou par des chemins tout à fait accessibles.

La case traditionnelle est organisée autour d’une cour, chaque femme ayant son grenier auquel le mari n’a pas accès. Le grenier du mari sert à conserver le mil, le grenier des femmes sert, lui, à conserver des condiments et différents objets.

Les greniers sont clairement identifiables par les toitures en seko (paille), celui du mari étant en général, le plus important.

Il existe différentes sortes de greniers (appelés gôh) d’architecture spécifique, et ayant une attribution et une symbolique particulière :

• le gôh Kari, divisé en trois parties, est obligatoirement la propriété d’un homme
• le gôh Nân, plus grand, qui peut appartenir à un homme ou une femme, est construit sur deux étages. Il sert à la conservation des céréales (mil, sorgho, fonio) mais aussi de coffre fort et referme aussi des objets précieux
• le gôh Anan qui est le plus grand, est fait d’un seul bloc, et est sous la responsabilité du chef de lignage. Il renferme les récoltes des champs collectifs (Anan signifiant village)
• le gôh Pôron, un grenier castrés et sous la responsabilité du chef de lignage

B. LES PORTES

L’architecture Dogon est spécifique. L’une de ses particularités se situe dans son habitat : en effet, ces derniers sont réputés pour les sculptures que l’on peut observer sur les portes des cases : les portes de grenier dites “portes dogon”.

Ces portes retracent l’histoire originelle du quotidien du peuple Dogon.
Les motifs présents sur les portes au Mali sont des avertissements du type : “N’ouvrez pas cette porte sinon gare à vous”

La partie supérieure d’une porte évoque très souvent le monde spirituel (Le kanaga, symbole du chasseur et du guerrier y est très représenté), tandis que le bas représente le monde des hommes et leurs pratiques rituelles.

Les cônes en relief représentent les seins de Nommo, l’ancêtre mythique des Dogons, allégorie de la fertilité.

Il existe différents styles de portes que l’on peut retrouver dans les pays voisins.
Qu’elles soient Baoulé (sud-est de la Côte d’Ivoire), Lobi (Burkina Faso), Sénoufo (nord de la Côte d’Ivoire) ou Dogon (Mali), ces portes sont construites de la même façon avec pour principale différence, les ornements qui les décorent.

Partie supérieure de la porte Dogon, représentant le monde spirituel «Kanaga» et les cônes repésentant les seins de Nommo.

Partie inférieure de la porte Dogon, représentant le monde des hommes et leurs pratiques rituelles.